dimanche 5 octobre 2008

Mise en route...

Ca fait maintenant quelques temps que l'on parle de ce voyage avec Julien... partir au Togo, je m'y prépare doucement. Heureusement que Julien est là et qu'il maitrise le sujet... visa, vaccins, traitement... c'est toute une organisation!
alors voilà, le départ approche. J'ai rendez vous à l'aéroport avec Julien, je ne l'ai pas revu depuis un an, date de notre remise des diplômes! C'est à la fois génial d'enfin partir en afrique, mais tellement stressant!
Alors voilà, le Togo, c'est le plus petit pays francophone d'Afrique de l'ouest. Le climat est tropical, et en ce moment, c'est la saison des pluies. On part pour 3 semaines... ça va vite passer...
et puis en faisant quelques recherches, j'apprends que l'Indépendance du Togo date du 27 avril 1960... si ça c'est pas un signe...



Mercredi 23 juillet

Partie d’Orléans à 19h00… Le stress en poche. Je ne connais pas l’Afrique, c’est une grande première et je ne suis pas très rassurée.
Je loge chez ma marraine le soir même.
Le lendemain, je rejoins Julien et Céline à l’aéroport de Roissy. Pour situer, Julien est un ami avec qui j’ai fait une partie de mes études. Il va avoir la grande chance de pouvoir me supporter 3 sem. Grande première aussi. Depuis le temps que l'on parle du Togo, tout se concrétise enfin. Céline, c’est la copine de son frère jumeau, Benoit. Et je ne la connais pas encore.

Jeudi 24 juillet

Terminal 2. 9h00.
On se retrouve, et on s’installe pour prendre un petit déjeuner. On a le temps, l’enregistrement des bagages ne se fera pas avant 11h.
L’heure arrive vite, une file monstrueuse se forme. On décide d’attendre que ça se calme.
L’heure de l’embarquement approche…on n’a toujours pas enregistré nos bagages. On commence à s’inquiéter de voir que la file ne désemplit pas. Léger stress quand j’apprends qu’en fait, la file correspond à 3 vols différents… 2 postes d’enregistrements des bagages, pour 3 vols. Y’a moquerie dans l’air… On se fiche bien des vols à destinations peu touristiques. La plupart des gens rentrent au pays et on se fiche bien de savoir si le vol accuse 3h de retard. Ce qui sera le cas. On parle même d’annuler le vol. Après un parcours du combattant, on enregistre les bagages, on passe la douane, on arrive, enfin, à la porte d’embarquement. Julien et Céline sont ravis d’apprendre qu’ils ne pourront embarquer avec leur bagage à main. On devra les faire passer en soute. En effet, les coffres à bagages sont pleins. Quand on voit que des nourrissons ont des bagages à main qui pèsent 10 fois leur poids… on ne se pose plus de question. Y’a eu de l’abus, et nous, les petits derniers, on en paye les frais.
L’avion décolle enfin avec 3h de retard. Je fais connaissance avec mon voisin. Il est Togolais, et retourne au pays pour affaires. Il ne tardera pas à me proposer de lui faire 2 enfants. Rapide ce petit monsieur.
Le vol se passe bien, le ciel est dégagé. Quelques turbulences au dessus de la méditerranée, mais pas de grosse secousse. On ne tardera pas à voir apparaître le Sahara. Magnifique. La nuit tombe rapidement, on ne verra pas grand chose du Togo.
Lomé est en bas, quelques éclairages au loin. On s’en rapproche vite et nous voilà arrivés.

Je suis à l’avant de l’avion. Je prends la première navette et me voilà arrivée dans l’aéroport. « Bonne Arrivée ». Une dizaine d’hôtesses en tenue traditionnelle nous accueillent avec le sourire. Je trouve une position stratégique pour attendre Julien et Céline. Près de la clim !
Ils étaient au fond de l’avion, ils en mettront du temps à arriver ! Derniers embarqués, derniers arrivés !
La récupération des bagages se fait sans trop d’encombres.
A la sortie de l’aéroport, Benoit, le Papa des jumeaux (qui sont là depuis 2 sem déjà), des cousins, oncles, … en voilà un accueil !
On charge les bagages dans les coffres des taxis et nous voilà partis. Je cherche à attacher ma ceinture de sécurité. Quelle idée !?
On sillonne les rues de Lomé, la capitale. Je suis assez surprise, je ne m’attendais pas à ça. Il fait nuit, on ne voit pas grand chose car l’éclairage publique est très limité, mais j’arrive tout de même à percevoir tout un tas de voitures, mobylettes, piétons, qui se partagent tant bien que mal la voie principale. Au secours ! on va bien en écraser un.
La pollution me pique le nez. Un bon contrôle technique ne ferait pas de mal à tous ces véhicules !
On passe devant de nombreuses boutiques… ces rues me paraîtront beaucoup plus familières par la suite.
On arrive à la maison à Lomé. Le papa l’a achetée un an auparavant. Julien la découvre donc en même temps que nous. Sa dernière visite date de 2004.
Le confort est rudimentaire, mais ça ne me dérange pas.
la terrasse:


L'arrière de la maison:

la cuisine:

la salle à manger, c'est pas encore meublé hein...

la salle de bain

la chambre des filles... Céline et moi

Julien... et le large couloir le long de la maison


On apprend vite à aller chercher de l’eau au puis pour tirer la chasse d’eau ou prendre sa douche. Jean-Marie (le 1e neveu) et Innocent (cousin) sont aux petits soins… je n’ai pas encore réussi à remplir en seau toute seule car dès qu’ils entendent le bruits de nos efforts désespérés (j’exagère hein…), ils accourent.


Vendredi 25 juillet:

Le lendemain de notre arrivée, Benoit part travailler à la clinique. Il y fait un stage depuis 15j et y restera encore après notre départ. Il a cependant pris 3sem de congés pour passer du temps avec nous. Après être allés chercher tout plein de liquidités (en Francs CFA) nous partons faire quelques courses… fruits et légumes sur le marché. Innocent est là pour montrer patte noire… il ne fait pas bon être un Yovo (blanc) pour les finances. Les prix grimpent bien vite quand ils voient nos jolis minois de touristes.
Julien nous emmène faire quelques courses dans un magasin de nourriture bien de chez nous. On ne comprendra pas tout de suite la nécessité de la chose. « On n’est pas venus au Togo pour manger du cassoulet quand même… »
On terminera par aller à l’ambassade. Les gens deviennent beaucoup plus souriants quand ils s’aperçoivent que Julien n’est pas totalement Yovo, mais un métisse, un frère pour eux.
Le soir arrive vite ici puisqu’il fait nuit très tôt. 17h30.
On va se chercher quelques coca et bières du pays. J’avoue que j’aime bien la Flag. L’Awoyo est trop amère pour moi.
On prépare notre périple de demain. Julien et Benoit qui se moquaient de mon guide du routard et du petit futé de Céline, seront finalement bien contant d’avoir affaire à 2 vraies touristes.

Julien et Céline

Benoit à gauche, Julien et Céline

moi plongée dans le petit futé!

Samedi 26 juillet

On part pour Togoville. On fait connaissance de notre Chauffeur, Bouga, que les garçons connaissent déjà. Il vient de Badou, la ville natale de leur papa.
Et c’est tassés comme des sardines que nous partons. Céline sur les genoux de Benoit à l’avant.

Et Audrey à l’arrière, au milieu, coincée entre Julien et Innocent… sur une place très sympa… vous savez, là où il y a les boucles de ceinture de sécurité… la place qui fait mal au derrière. J’en vois certain déjà dire, pas grave elle a de quoi faire… mais là c’est pas pareil…c’est le coccyx qui souffrira pendant 3 sem. C’est la configuration que l’on adoptera pour tous nos déplacements.
En route pour Togoville

Nous sommes en route pour 1h30 de périple. Après avoir quitter la voie principale, nous voilà sur un route en terre rouge et peu carrossable. On s’interroge alors sur le véritable intérêt touristique de Togoville, qui a l’air tout de même perdue au fin fond du trou du c… bref.
On s’arrête à de nombreuses reprises pour savoir si on est sur la bonne route… sait on jamais.
Nous voilà enfin arrivé sur place. Togoville.
"yovo yovo bonsoir... ça va bien? Merci..." les petits gamins et parfois les adultes nous répètent cette petite phrase en boucle... on se retourne pour faire un signe de la main, ils sont tous contents! on n'a pas l'habitude d'être VIP comme ça!
On nous conseille de nous présenter au chef du village avant de commencer la visite.
On nous conduit donc dans une pièce, on s’installe sur des bancs. Une salle d’attente en quelque sorte puisque le chef du village vient nous y chercher. Il nous conduit dans une petite batisse, juste en face. Le musée de Togoville. Même mon appart est plus grand ! c’est dire.
Petite pièce minuscule. On en aura vite fait le tour du musée.
Le chef du village est jeune, physiquement trrrrès intelligent. A l’unanimité de Céline et moi-même !
Il nous laisse poser nos regards sur une tombe, des coupures de journaux, une peau de léopard, divers portraits…
Et c’est sans crier garde qu’il nous emmène dans l’histoire du Togo. Le discours ressemble à une récitation, un texte mainte fois répété tant la voix est posée, le français parfait, les mots judicieusement choisis,… mais il n’en n’est rien. Il est le dépositaire de plusieurs centaines d’année de connaissance… tout ce savoir il le détient de son père, grand père, arrière grand père… c’est d’ailleurs par hasard, au détour de la conversation, sans qu’il nous l’avoue, que l’on apprendra qu’il est le prince héritier du royaume de Togoville. Cœur battant historique du togo. Successeur du roi Mlapa. Il nous dira simplement, « je ne suis que le fils de mon père ». Avec beaucoup de simplicité, d’humilité, de douceur, de dignité, de sagesse, il nous captivera longtemps… 1h ? 1h30 ? je ne sais plus.
Entre nos questions de novices et mes questions involontairement indiscrètes, il sera resté très patient. Il nous parlera de l’histoire de son pays alors colonie allemande, puis française… et la conversation se poursuivra par les croyances, les rites vaudous…. Un discours tout en sagesse qui nous plaira à tous.
C’est après avoir signé le livre d’or que l’on quittera la pièce avec l’impression d’avoir traversé le temps, auprès d’un guide d’exception.
Il nous laissera là en nous indiquant quelques points clés à visiter.
Mais pour l’instant, nos ventres crient famine…
on va donc s'installer dans l'unique hotel restaurant de la ville... pour manger un poulet avec des pommes frites!
au resto (Benoit, Céline, Bouga, Innocent et Julien)

nous voilà repartis dans les rues de Togoville.


on posera au pied de la statue érigée en l'honneur de la fraternité entre les allemands et les togolais.

on ira visiter l'église construite par les allemands

on s'arrêtera aussi auprès des arbres jumeaux... bah oui c'est de circonstance. Leurs racines sont completement enchevétrées et ces 2 arbres sont sacrés au village.

au bord du lac Togo



Sur le retour, nous nous arrêtons à Aneho. Ville en bord de mer où se rejoignent le lac togo et le golfe de guinée.

On s’arrêtera là quelques instants, juste le temps de mettre les pieds dans l’eau… ce qui n’est pas au goût d’Innocent qui a peur pour nous. Ici, on ne sait pas nager, sauf lorsque l’on est pêcheur…

Comme tous les soirs, Jean-Marie et Innocent nous font à manger. Pour ce soir, ce sera poulet avec de la sauce rouge et des ablos (galette à base de maïs fermenté).
Eh bah c’est drôlement bon.

Innocent qui nous prépare le poulet

les ablos

Par contre, Céline et moi on s’interroge… mais… ils ne mangent pas avec nous ? Eh non, ici c’est comme ça… les invités mangent ensembles et les hôtes, mangent en cuisine. On aura du mal à s’y faire. Mais c’est comme ça.

Dimanche 27 juillet

C’est en taxi brousse de 9 places que nous partons pour Badou. Le village d’où est originaire le papa, et donc aussi Innocent et Jean-Marie.

« mais ??? vous êtes sûrs que tous les bagages vont passer ??? » question stupide quand on voit sur la route comme les taxis sont surchargés.
Nous voilà sur la route.


Nous croisons de nombreuses personnes sur les bords de route avec leurs « bagages » sur la tête. Ils fuient leur maison car c’est la saison des pluies, et leur région est inondée. Ils iront se réfugier dans leur famille.
Le paysage change. On remonte vers le nord jusqu’à Atakpamé. On s’y arrêtera pour grignoter et boire un verre sous une paillotte.
le papa des jumeaux à gauche, Innocent, Benoit, Julien, moi et Jean-Marie



sur la route, on sera surpris de voir comment ils transportent les animaux!!
Ici, un cochon vivant!!


Puis l’on change de direction… progression dans les montagnes, on se retrouve au cœur de la forêt tropicale. On en profitera pour s’arrêter plusieurs fois pour acheter une quantité incroyable d’ananas. On comprendra plus tard que le papa souhaite en faire de l’alcool.
L’air est plus frais.
Dernier plateau, et on entame la descente vers Badou. Le paysage est magnifique.

de gauche à droite: Innocent, Benoit,Céline, Julien et l'apprenti chuaffeur

A l’arrivée dans le village, la maman d’Innocent (sœur du papa) est là qui nous accueille, sa sœur,… tout le monde a l’air heureux de nous voir arriver. Ça fait longtemps qu’ils n’ont pas vu les jumeaux et Innocent n’était pas rentré au village depuis 9 mois car le trajet coûte trop cher.
Le village m’a l’air chaleureux…
On arrive enfin à la maison, au bout d’un chemin impraticable mais pratiqué quand même !
On retrouve une maison avec plus de confort qu’à Lomé… une cuisine au gaz (qu’on n’utilisera que pour faire du pop corn et des crêpes!) et l’eau courante !
Chacun sa chambre, Céline m’abandonne.


A peine le temps de poser les valises et voilà que la famille commence à arriver… les présentations sont faites mais très loin d’être enregistrées ! il faudra que l’on me répète plusieurs fois le lien de parenté… ! en tout cas l’accueil est chaleureux…
L'un des employés du papa commence la longue découpe d'ananas... en petits morceaux. une fois le seau rempli, il sera mis à la cave pour fermentation!
à la fin du séjour, le précieux liquide sera amené à la "distillerie" pour en faire de la liqueur d'ananas... et ma fois, c'est pas mauvais du tout...

Cette fois-ci, ce sont les cousines qui prennent le relais et qui nous préparent à manger. José (ou grand mama, c’est selon), Junior, et Rachelle.
Nous voilà à Badou pour une semaine !

Lundi 28 juillet

Lever matinal. Chèvres et coqs se passent le relais sous mes fenêtres… on en mangerait.
On prend possession des lieux… on prend une douche, une vraie !
on profite de cette vue fabuleuse


et nous voilà partis en balade. Le papa nous montre la médiathèque qu’il fait construire à l’aide du soutien financier de sa ville (Neuve-maison) et des actions de l’association « Aidons Badou ». C’est une grande structure qui a déjà bien avancé. La chape de béton sera coulée et les fenêtres posées avant notre départ. De quoi être fier.
Les jeunes de Badou auront donc accès à des pièces éclairées pour travailler dans de meilleures conditions, une bibliothèque, une salle d’ordinateurs avec internet (s’il vous plaît !) et des salles de réunion, de projection…

Tout le monde tient la pause devant la médiathèque
Benoit, Gat (le frère du papa), Innocent, Rachelle, José, Efo, Julien, le papa (Martin) et Mawoli


On part ensuite un peu plus haut, vers un terrain situé plus en arrière de la maison. C’est là que Julien a envie de monter son élevage de chèvres… qui se transformera plus tard en élevage de porcs, qui s’avère plus rentable à long terme.
On a du mal à imaginer la grandeur du terrain étant donné qu’il est situé au milieu de la forêt tropicale. Plus tard, les ouvriers commenceront à défricher pour que l’on se rende un peu plus compte des limites géographiques !
Ils ont commencé à monter les murs de ce qui sera les pièces de vie du fermier.



Malheureusement, les briques étant faites de terre, la saison des pluies aura vite fait de les abîmer. En quelques jours, les fondations seront détruites puis reconstruites en parpaings de ciment cette fois.

Mardi 29 juillet

C’est avec beaucoup de motivation que nous sommes partis ce matin là pour une randonnée de 2h30. Nous chaussons les baskets, alors que les cousins eux, imperturbables, feront la rando en montagne… en tongs. Bananes, eaux (au moins 6 bouteilles !), chapeaux, et nous voilà en route.
Ça grimpe pas mal (on apprendra d’ailleurs que les oncles ne pensaient pas que des yovos arriveraient au bout de la randonnée !). On croise des agriculteurs (en tongs) qui descendent des fardeaux sur leur tête, de gros lots de branches qu’ils redescendent au village… Nous sommes en sueur évidemment, et on n’en est même pas au dixième du parcours ! et dire qu’ils font ça à longueur de journée… ils ont l’habitude (oui c’est ça, on va dire ça… l’habitude… et des muscles).
On en profite pour parfaire nos cours de botanique, forêts de tecks, manguiers, bananiers, papayers, manioc, igname, cacao, café… La vue est superbe. Et on réalise que ce n’est pas l’image que les occidents ont de l’Afrique. Verte, prospère, humide,… magnifique.


C’est après avec croisé quelques grigris et fait quelques pauses banane que nous arrivons au sommet (tu vois Julien, je suis passé sur ta petite crise d’hypoglycémie ! hehe).


Arrivés au sommet ? oui presque… il faut encore monter là… là ??? euh… mais y’a pas de sentier ! Et les serpents ? On ne sait jamais ! Y’a des bêtes féroces ici ?! euh… Innocent ! Le coupe-coupe !!

Et c’est en marchant les uns derrière les autres, dans les pas d’Innocent que l’on arrive tout en haut… on a sué, certes, mais ça en valait le coup.